Allez lire le Populaire. Merci à lui.
Jumilhac n’est pas sur ses terres. On est en Dordogne. Mais c’est une
inattention lors de la Révolution qui en est la cause. Qui connaît la
route de Jumilhac à Thiviers comprend. On est sur les terres de
Sud-Ouest ou de la Dordogne Libre.
Grace au Populaire nous en apprenons sur
notre château. On y tient beaucoup. On ne se lasse pas de le regarder
quand nous sommes dans le pays. Allez le voir à Jumilhac ! Sortez des
sentiers battus de Sarlat, remontez à Brantôme puisen visitant en
chemin, filez à Jumilhac.
« En arrivant dans le bourg de Jumilhac-le-Grand, à un jet de pierre
(de 7 km précisément) de la Haute-Vienne, l’œil glisse irrémédiablement
vers sa silhouette imposante. Une masse qui s’étire irrésistiblement
vers le ciel dans une succession de tourelles et cônes qui culminent à
plus de 25 mètres, à la finesse rehaussée de faîtières en plomb
ciselées. Le château de Jumilhac a inspiré en son temps
Gustave Doré. « Il disait que
cette toiture était la plus romantique de France », sourit
Henry de la Tour du Pin,
l’actuel propriétaire qui perpétue une histoire familiale débutée en
1927, par l’acquisition du domaine par ses grands-parents maternels.
Cette spectaculaire toiture recouverte de
plus d’un hectare d’ardoises corréziennes taillées à la main,
certaines d’un bon centimètre d’épaisseur, d’autres guère plus grandes
qu’un paquet d’allumettes, est parfaitement emblématique du site.
Pourtant, en la scrutant, on y décèle les ravages du temps qui passe. Et
un petit tour dans les combles confirme le diagnostic. Outre l’invasion
de la mousse et la détérioration des épis de faîtage, les trous sont
nombreux et l’infiltration de l’eau, inévitable.
Une situation qui a poussé Henry de la Tour du Pin à lancer, le 15
novembre 2019, un appel à contribution sur la plateforme de financement
participatif
dartagnans.fr.
Car si, « sur un exercice triennal, le château se suffit à lui-même
avec les visites, entre 11.500 et 12.00 par an, les réceptions et les
mariages organisés sur place », soit des recettes de l’ordre de 100.000
euros qui permettent de régler les impôts, les salaires, dès qu’une
dépense imprévue survient, elle grève immédiatement le budget. Et dans
le cas de la toiture,
la note s’élève à… 120.000 euros,
avec notamment le recours à une nacelle et le démontage d’une partie du
mur d’enceinte pour la faire passer. A terme, un portail devra y être
installé.
Comment en est-on arrivé là ?
La situation a empiré de jour en jour depuis… vingt ans, alors que
les derniers travaux effectués sur la toiture remonte à 1967 avec la
restauration de la couverture de l’aile gauche. Pour l’aile droite, il
faut remonter à 1940 et à 1937 pour le vieux château (la partie
centrale). Un premier devis avait en effet été réalisé en 1998 et se
chiffrait à 6.000 euros pour quelques fuites dans le grand salon. « Il
s’agissait juste d’une reprise. Mais ma mère n’avait pas très envie
d’entreprendre ses travaux alors on a attendu. »
Les fuites se multipliant, un nouveau devis est réévalué en 2004,
puis en 2007. « Mais avec le décès de ma mère en 2008, on n’a rien fait.
Et puis ici, dès qu’on tourne la tête on voit autre chose à faire et on
oublie. On a laissé traîner les choses… », reconnaît le châtelain, qui
vit à Périgueux et ne dort que très occasionnellement dans le château.
Comme ses aïeux d’ailleurs :
les derniers habitants ont quitté les lieux en 1964. Un état de fait qui a sûrement contribué à la détérioration de l’état des lieux.
« La problématique de Jumilhac, finalement, c’est que lorsqu’ils ont
racheté le château, qui appartenait jusque-là à deux habitants et qui
hébergeait plusieurs activités de la commune _ les jardins à la
française étaient même devenus un champ de blé, un verger et un potager,
ndlr _, ils songeaient à le laisser en héritage à leur fils aîné,
Antoine. Mais il a disparu pendant la « drôle de guerre » en 1940, ma
grand-mère ne s’en est d’ailleurs jamais remise. Ma mère et ma tante
avaient leurs vies loin de Jumilhac. L’espoir de voir leur descendance
reprendre le domaine disparaissait à jamais. »
L’engagement d’un homme, dans la lignée de sa mère
C’est la mère d’Henry de la Tour du Pin, dont le premier souvenir au
château remonte à ses 13 ans et une semaine passée avec son frère à
déblayer un petit escalier dans une tourelle, qui va pourtant donner un
nouvel élan à Jumilhac.
« En 1964, ma mère a eu l’idée d’ouvrir le château aux visites. »
Classé aux Monuments historiques en trois temps (1922, 1923, 1924)
autant pour l’extérieur que l’intérieur, il attire rapidement les
curieux. Et Henry, qui se destinait à une carrière de vétérinaire avant
de se réorienter vers l’
informatique, s’est peu peu glissé dans son sillage.
« Rien ne me prédestinait à m’orienter vers le patrimoine, je n’y
étais pas préparé. Ça s’est fait naturellement. En 1983, ma mère s’est
cassé le col du fémur, on a retardé l’ouverture du château d’avril à
juillet et j’ai commencé à l’aider de plus en plus pour les visites.
J’y ai mis une rognure d’ongle et je me suis retrouvé absorbé par le château !
» s’amuse-t-il. Dès la fin des années 90, il prend en charge la
comptabilité. En 2000, il relance les jardins à la française, puis il
fait créer une partie réceptive dans l’aile gauche.
Un engouement populaire et international
C’est aussi lui qui découvre, au début des années 2000, la
symbolique alchimique que
l’on retrouve un peu partout dans le château, et tout particulièrement
sur la fameuse toiture. Car les dix épis de faîtage, qui ont également
besoin d’un petit ripolinage, ne figurent pas n’importe quoi… « Il y a
surtout des détails pas clairs pour ne pas dire absurdes. Mais il s’agit
en fait d’un résumé entier de la quête de la Pierre philosophale !
Cette découverte donne un autre intérêt au château, c’est l’histoire
dans l’histoire. »
Une part d’ésotérisme mise en avant lors des visites guidées qui
intrigue et séduit… et cela se retrouve dans l’engouement suscité pour
la cagnotte lancée à 5.000, puis 10.000 euros sur dartagnans.fr : au
bout de quinze jours, 4.000 euros ont été récoltés. Deux semaines plus
tard, la somme a doublé. Et
elle dépasse désormais allègrement les 10.000 euros espérés alors qu’il reste encore quelques jours jusqu’au 31 décembre 2019 sa clôture officielle.
Une somme qui ne représente certes que 10 % du budget global. Elle
représente par exemple la seule restauration de la faîtière qui
représente la Justice. « Mais cela permet de donner l’élan. […]
C’est un château qui frappe,
c’est sûr. Tous les dons viennent de particuliers, beaucoup de locaux ,
du village ou de la Dordogne, mais aussi de beaucoup plus loin car les
dons viennent de sept pays différents. Jumilhac a une aura certaine. »
Difficile de le contredire. »